Résumé de la journée nationale contre la privatisation de la Poste
Sources : Le JDD, AFP, Reuters, Le Monde, RFI, LCI, France 3, BFM TV, France 2
« Les postiers ne plient pas
Des milliers de postiers et usagers de La Poste ont manifesté samedi dans toute la France à l'appel de cinq fédérations syndicales. Ils protestent contre l'ouverture du capital de l'entreprise, perçue comme une menace pour les emplois et la qualité du service public. Le gouvernement est appelé à trancher d'ici la fin de l'année.
Le projet de privatisation partielle ne passe pas comme une lettre... à La Poste. Ce samedi, des milliers des milliers de postiers ont battu le pavé dans toute la France à l'appel de cinq fédérations syndicales -CGT, Sud-PTT, CFDT, FO et CFTC-, pour dénoncer le projet d'ouverture de son capital.
Contrairement à la dernière mobilisation du 23 septembre, celle-ci ne s'est accompagnée d'aucun mot de grève national, mais pour faire entendre leur voix, les postiers ont cette fois-ci ouvert le cortège aux usagers. Résultat, la manifestation semble avoir été bien suivie, - avec 12 000 personnes à Paris entre la place de la Nation et Bercy, selon les organisateurs. Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire Olivier Besancenot, le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon, la secrétaire nationale du Parti communiste Marie-George Buffet et le député européen PS Benoît Hamon étaient également présents (tous membres du Comité National contre la privatisation de la Poste). Des défilés et des rassemblements étaient aussi organisés dans plus de 80 villes comme Marseille, Niort, Brest, Nîmes, Bordeaux, Montpellier ou encore Perpignan.
A Paris, le défilé a réuni des milliers de personnes - 12.000 selon les organisateurs, 2.150 selon la préfecture de police - entre la place de la Nation et le quartier de Bercy, où se trouve le ministère de l'Economie.
A Toulouse, où des facteurs en tenue bleu marine et jaune arboraient un autocollant "privatiser la Poste, faut être timbré", entre 600 (police) et 2.200 personnes (organisateurs) ont défilé.
Ils étaient entre 400 (police) et 1.000 (organisateurs) à Marseille, où l'on dénonçait notamment le risque d'abandon des zones rurales, entre 500 et 600 à Albi, entre 300 et 400 à Angoulême. Et entre 200 (police) et 700 (organisateurs) à Lyon sous le mot d'ordre "touche pas à ma Poste".
Des collectifs d'usagers étaient également présents derrière par exemple une banderole "Touche pas à ma Poste, usagers oui, clients non".
"Une mauvaise idée, surtout en ce moment"
"Il faut discuter de l'avenir de La Poste, de sa modernisation, parce que la qualité du service public n'est pas au top aujourd'hui (...), a reconnu Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. Mais c'est incompatible avec l'arrivée de fonds privés qui vont forcément exiger de la rentabilité financière et non pas du service public". Le leader de Force ouvrière Jean-Claude Mailly demande lui "que La Poste reste 100% publique parce qu'on sait très bien par expérience qu'à chaque fois qu'on a ouvert le capital d'une entreprise publique (France Telecom, Gaz de France plus récemment), peu de temps après, elle a été privatisée". Pour Nicolas G., administratif de Sud-PTT "il y a unanimité sur le fait que le projet de La Poste est une mauvaise idée, surtout en ce moment. (...) On veut changer pour que ça réponde vraiment aux besoins de la collectivité".
"Si on calcule aujourd'hui le coût pour La Poste de ses missions de service public, on arrive à 900 millions d'euros: si on privatise, on va considérer que ce ne sont plus des activités rentables", a estimé M. Mailly (FO).
"Le vrai danger (...), c'est que l'entreprise se concentre sur les secteurs les plus profitables et délaisse les zones rurales par exemple", a résumé Michel F., un postier CGT, à Marseille. Ces inquiétudes sont particulièrement fortes pour les bureaux de poste des zones rurales, comme l'ont exprimé de nombreux défilés en France.
La Poste a annoncé fin août qu'elle demanderait au gouvernement de changer de statut afin de faire face à la libéralisation totale du marché européen du courrier en 2011. Son PDG Jean-Paul Bailly souhaite une transformation de l'entreprise en société anonyme le 1er janvier 2010, pour ouvrir son capital à hauteur de 3 milliards d'euros environ. Malgré la promesse que l'Etat resterait majoritaire, les syndicats y voient une privatisation de fait qui, outre le service public, menace l'emploi des 300 000 employés.
Avant de trancher fin décembre, Matignon attend un rapport de la commission Ailleret qui regroupe des syndicalistes, des élus et des représentants de La Poste, chargés de réfléchir aux différentes voies de développement de l'entreprise. Dans le contexte économique actuel, il est probable que le gouvernement s'oriente vers une ouverture de capital incluant la Caisse des dépôts (CDC), établissement financier public.
"RIEN COÛTÉ À L'ETAT"
Officiellement, ni la mobilisation syndicale ni les atermoiements au sommet de l'Etat […]
En coulisses, cependant, La Poste semble revoir ses ambitions à la baisse. Crise oblige, M. Bailly n'est plus si sûr que la mise en Bourse - la meilleure solution pour constituer un actionnariat salarié significatif - soit une si bonne idée. Surtout si les postiers, découragés par la chute des cours, n'y adhèrent pas.
La piste privilégiée celle d'une mise à contribution de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Sur les 3 milliards d'euros recherchés, La Poste aimerait être assurée de disposer déjà d'un milliard d'euros à court terme. Elle regarde par ailleurs tous les dispositifs de financement publics déployés face à la crise. "Pour l'instant, nous n'avons rien coûté à l'Etat, La Banque postale est la seule à ne pas s'être présentée au guichet public", souligne un dirigeant. »
A écouter le reportage de RFI :
La réaction de Jean Claude Mailly (FO) :
Et celle de Bernard Thibault (CGT) :
A voir également ce reportage de LCI sur les manifestations de Lyon et Paris :
Celui de BFM TV :
Celui de France 2 :
Et celui de France 3 :
Et un exemple local à La Rochelle :
Et deux exemples d'initiatives locales de cette journée
Source : Sud Ouest
« PÉRIGUEUX (Dordogne). Une soixantaine de personnes participaient hier à une table ronde organisée par les syndicats. Débat entre élus sur l'avenir de la Poste
A l'appel de cinq fédérations syndicales (CGT, SUD, CFDT, FO et CFTC), une centaine de personnes se sont rassemblées hier en début d'après-midi devant la Poste de Périgueux, pour protester contre la transformation annoncée de l'établissement public en société anonyme au 1er janvier 2010 et sa probable privatisation.
La manifestation s'est prolongée par un débat sur l'avenir de la Poste, auquel assistait encore une soixantaine de personnes. Si les syndicalistes étaient nombreux dans la salle, le sujet avait aussi mobilisé des élus de gauche inquiets pour leur commune. Parmi eux, les maires de Bourdeilles, Saint-Jory-de-Chalais et Hautefort ou encore le député-maire socialiste de Saint-Aquilin, Pascal Deguilhem.
Avant de donner la parole à la salle, composée presqu'uniquement d'élus et de syndicalistes, Frédéric D. (CGT PTT) a rappelé qu'en Dordogne, la mobilisation était très forte : « En interne, le dernier mouvement de grève a été le plus important depuis plus de trente ans. Et, sur les marchés, où nous faisons signer des pétitions, les usagers nous accueillent très bien. En particulier les Anglais installés en Dordogne, qui savent ce que signifie la privatisation de La Poste et ne veulent surtout pas que ça arrive en France. »
« Il faut refuser »
Le responsable de la CGT-PTT, Frédéric D., a d'abord évoqué les différentes formes déjà prises en Dordogne par la riposte contre la privatisation : sensibilisation des usagers sur les marchés du département, lancement de plusieurs pétitions. Le débat a ensuite essentiellement tourné à un échange de vues, souvent similaires, entre élus de gauche qui ont souligné les multiples « attaques dont le service public est la cible » et à quel point la présence de la Poste était essentielle en milieu rural.
« Les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'énergie sont tous attaqués, soulignait par exemple Pascal Deguilhem. Aux élus locaux, on demande de baisser la tête, d'accepter les transformations de bureaux de poste en agence communale : il faut refuser ».
Un ancien salarié et syndicaliste de France Telecom faisait aussi remarquer que « la privatisation dans le secteur des télécom n'a pas apporté d'amélioration pour l'usager, au contraire ».
Source : La Voix du Nord
« Roubaix (Nord). Une pétition contre la « privatisation » de La Poste signée à tours de bras, hier
Les usagers roubaisiens se sont visiblement sentis concernés par le sujet et ont signé massivement la pétition hier matin.
L'union locale CGT était mobilisée, hier matin à La Poste de Roubaix, pour faire signer une pétition contre les menaces de privatisation.
La Poste, entreprise publique, deviendra-t-elle une société anonyme le 1er janvier 2010, avant d'ouvrir son capital un an plus tard ? C'est le projet de « privatisation rampante » contre lequel se bat le syndicat CGT. Hier matin, plusieurs membres de l'union locale roubaisienne ont sorti les pétitions pour les faire signer aux usagers entrant ou sortant de La Poste de Roubaix, à deux pas de la Grand-Place. Les Roubaisiens se sentent visiblement concernés par le sujet : les signatures se sont vite accumulées sur les feuilles des militants cégétistes. Ces derniers avaient également prévu une action à carrefour Wasquehal, hier après-midi. »