La Banque Postale se porte bien... très bien

Publié le par CGT Poste Villeurbanne PPDC



Source : Sud Ouest


« La Banque postale ne craint pas la crise

 

 

 

ARGENT. La Poste reste discrète. C'est pourtant la grande gagnante de la crise. Paniqués, beaucoup de Français lui ont confié leurs économies

 

Les encours de La Poste avoisinaient 250 milliards d'euros, fin 2007. La crise lui a permis vraisemblablement de drainer entre 10 et 20 milliards d'euros supplémentaires.

 

Vingt et un avril. Tous les conseillers financiers de La Banque postale ont coché cette date sur leur agenda. Ce jour-là, ils connaîtront le montant de leur prime pour leur mémorable dernier trimestre 2008. Ils n'ont jamais engrangé autant d'argent que pendant ces quelques semaines où le système bancaire international faisait eau de toutes parts. Les commissions qu'ils attendent n'ont rien à voir avec les bonus indécents des traders et des dirigeants des grandes banques qui ont mis le feu à la planète. Elles seront sans doute de l'ordre de quelques milliers d'euros par conseiller. Mais pour des salariés dont le fixe mensuel est souvent compris entre 1 500 et 2 000 euros, cette gratification aura la couleur d'un joli rayon de soleil.

 

Vent de panique

 

« C'était de la folie. J'ai réalisé mon objectif de l'année en un mois ! » s'exclame le conseiller financier d'une agence située dans une ville moyenne du Sud-Ouest. « Des gens qu'on n'avait jamais vus débarquaient dans nos bureaux. Ils arrivaient à l'improviste, attendaient parfois plus d'une heure en silence et partaient en nous laissant de sacrés chèques. » Destinée à rassurer les épargnants, l'annonce par le gouvernement d'une garantie de 70 000 euros par déposant a fait le bonheur de La Poste. Nombre de ceux qui disposaient de liquidités supplémentaires ont pris peur. Et ils ont apporté leurs fonds à la banque publique, celle-là même qu'ils jugeaient rébarbative et ringarde quelques mois plus tôt.

 

« Je venais de vendre mon affaire », raconte un commerçant aisé de la côte atlantique. « J'ai mis 70 000 euros un peu partout et le reste à La Poste. À ma grande surprise, c'est là que j'ai été le mieux conseillé. Je me suis vraiment senti en sécurité. Tous ces patrons de grandes banques qui tordent le nez à l'idée d'abandonner leur bonus me dégoûtent. Cela ne va pas traîner. Je vais tout mettre à La Poste. »

 

Rassurante

 

L'établissement reste d'une rare discrétion sur cet afflux de capitaux. Les chiffres diffusés sont ceux du Livret A, dont le plafond est limité à 15 300 euros par personne. « Nous dépassons désormais 23 millions. Un million de plus qu'en 2007. En termes de collecte nette, cela représente un gain de 5,8 milliards d'euros. » La Poste a fait montre d'une rare habileté dans sa communication en surfant sur deux slogans qui ont fait mouche. Sur la première affiche, l'inscription « I love LA » apparaissait sur les tee-shirts des membres d'une famille tout sourire. Sur la seconde, apposée sur les murs des bureaux des conseillers financiers, les clients lisent toujours que « derrière le produit le plus sûr, il y a la banque la plus rassurante du marché ».

 

Rien d'étonnant à ce que les commerciaux de La Poste aient pu sortir du ghetto du Livret A. « Cela n'a pas représenté plus d'un tiers de mon chiffre, explique l'un d'entre eux. J'ai vendu beaucoup d'assurances-vie et ouvert beaucoup de comptes à terme à six mois avec intérêts versés à la fin de la période. » Les encours de La Poste avoisinaient 250 milliards d'euros fin 2007. La tempête financière a vraisemblablement permis à La Banque postale de drainer entre 10 et 20 milliards d'euros supplémentaires. De quoi se sentir pousser des ailes. La Poste, qui souhaite développer la branche crédit aux entreprises, lorgne désormais, avec un appétit non dissimulé, la Banque Palatine, une filiale des Caisses d'épargne.

 

Objectif : ne rien perdre

 

« Nous ne sommes plus seulement la banque des pauvres et des personnes âgées », lâche un cadre de La Banque postale. Commerçants, entrepreneurs, rentiers... La tempête financière a permis à l'établissement public de capter une nouvelle clientèle, beaucoup plus fortunée. Reste à la fidéliser. Beaucoup des souscripteurs paniqués par la déferlante financière n'ont toujours pas domicilié leurs revenus à La Poste. Même s'il ne paie pas de mine, l'objectif affiché par le réseau pour 2009 se veut terriblement ambitieux. « On nous demande de faire zéro, c'est-à-dire de ne rien perdre de ce qu'on a gagné », lâche un conseiller financier aquitain.

 

La Banque postale joue et surjoue aujourd'hui le modèle d'une banque totalement fiable. Hormis 60 millions d'euros partis en fumée dans la faillite de Lehman Brothers, à New York, elle a évité avec bonheur les investissements hasardeux. « Zéro subprime, zéro actif toxique, zéro Madoff », martèle son président, Patrick Werner, qui vante le professionnalisme de ses équipes.

 

Des dérapages

 

Cela n'a pas toujours été le cas. Il y a dix ans, lors de l'éclatement de la bulle Internet, La Poste pavoisait moins. Mal conseillés, des dizaines de milliers de clients avaient perdu une partie de leur capital. À la recherche d'un placement de père de famille, ils avaient confié, les yeux fermés, leurs économies à l'établisse- ment public sans comprendre qu'ils achetaient des produits boursiers.

 

La tempête financière a relégué ces dérapages - qui ne furent pas l'apanage que de La Poste - au rang de péripéties. Plus expérimentés, mieux formés, les commerciaux ont su regagner la confiance de leurs clients. Quitte à épouser leurs humeurs versatiles. « Avant la crise, ils voulaient entendre que nous étions une vraie banque. Nous le leur disions », explique un conseiller financier. « Aujourd'hui, ils veulent entendre que nous ne sommes pas une banque comme les autres et que nous saurons les protéger. Nous le leur disons aussi. »

 

 




Commentaires : L'inquiétude est la suivante: la Banque Postale va t elle rester une banque "pas comme les autres", en a t elle envie ? En tous cas, cet article est à méditer.




 

 

Publié dans Chiffres

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