La Poste exerce-t-elle des sanctions antisyndicalistes ?

Publié le par CGT Poste Villeurbanne PPDC


Vu dans la presse (source : L'Humanité) :




« Sanctions antisyndicalistes avant privatisation ?

 

 

 

À Briançon et Marseille, deux militants syndicaux sont lourdement sanctionnés pour avoir mené des conflits contre des réorganisations.

 

Avec la privatisation en ligne de mire, la direction de La Poste adopte une politique de plus en plus répressive envers les syndicalistes pour faire passer ses restructurations. À Marseille et Briançon, deux facteurs, militants syndicaux, viennent ainsi de passer en conseil de discipline pour des « actes » survenus lors de conflits collectifs. Dans les deux cas, ils luttaient contre la mise en oeuvre du projet Facteurs d’avenir, qui, par suppression de tournées, instauration du remplacement mutuel en cas d’absence, et modulation de la main-d’oeuvre en fonction des flux de courrier, vise à une augmentation de la productivité des facteurs.

 

Jean-Claude B., cinquante-cinq ans dont trente-sept passés à distribuer le courrier à Villard-Saint-Pancrace, près de Briançon, a écopé fin août de six mois de mise à pied sans salaire pour un « acte de malveillance grave », selon les termes de La Poste. Depuis 2007, en tant que délégué syndical CGT du bureau de poste de Briançon, ce facteur mène la bagarre contre l’application locale de Facteurs d’avenir. « À Briançon, la Poste voulait supprimer deux positions de travail et redécouper les tournées, explique Jean-Claude B. Certains facteurs se retrouvaient avec 300 à 350 clients en plus, alors que nous travaillons déjà en effectifs réduits, ce qui provoque des dépassements d’horaires dès qu’il y a des absents. » Pendant des mois, les facteurs manifestent leur opposition, sans faire reculer la direction. Le samedi 5 juillet, à deux jours de la mise en place du projet, une quinzaine de facteurs sur les vingt du bureau décident une action « coup de poing » consistant à enchaîner leurs casiers de tri et à mettre hors service une plate-forme électrique pour empêcher le déménagement du matériel. Ancien électricien, le délégué CGT est désigné pour sectionner deux fils électriques de la plate-forme. « Cela n’occasionne aucun dégât, il suffit de les raccorder », insiste-t-il. Dès le lundi, la direction locale renonce à sa réorganisation, mais lance la procédure disciplinaire contre le cégétiste, avec l’appui d’images prises par une caméra de videosurveillance. Coïncidence troublante, les six mois de suspension amènent Jean-Claude B. à la date prévue de son départ en retraite… « Il y a quelques années, La Poste n’aurait pas sanctionné à ce point », déplore Martine H., de l’Union départementale CGT des Hautes-Alpes, qui prépare le recours devant le tribunal administratif. « La Poste est passée à la vitesse supérieure. »

 

À Marseille, La Poste a menacé de révocation Serge R., facteur depuis quinze ans en centre-ville et militant CNT, pour « violences verbales et physiques » et « destruction de matériel ». En fait de violences, Serge R. décrit une simple altercation verbale avec sa supérieure, lors d’une grève en mars dernier sur la distribution des plis électoraux. La Poste produit le témoignage d’un cadre, mais celui-ci n’a pas assisté directement à la scène, dénonce Christian G, défenseur SUD-PTT du facteur. Deux mois plus tard, quelque cinq cents postiers du département sont en grève contre l’application de Facteurs d’avenir, avec 1 000 suppressions d’emplois à la clé. Le 23 mai, lors d’un rassemblement devant la direction régionale du courrier, une vingtaine de postiers force le passage pour être reçus par la direction. Sous la pression, la porte du sas de sécurité sort de son rail, d’où le grief de « destruction de matériel » ! « La porte a été seulement dégondée, il a fallu une heure pour la réparer », pointe Christian G. « C’était une action collective mais La Poste a choisi de faire porter la responsabilité sur une seule personne, pour faire un exemple et mettre fin aux conflits dans le département. » Confirmation par Serge R. lui-même : « Dans les Bouches-du-Rhône, La Poste est toujours obligée de signer des accords dérogatoires, à cause de la combativité. Comme on a perdu la grève de mai, elle en profite pour reprendre la main, et je suis sanctionné à titre exemplaire. »

 

« On est face à une poste de plus en plus répressive, qui écarte de sa route tous ceux qui se mettent en travers », résume Patrick S., de la CGT-FAPT des Bouches-du-Rhône, qui participait vendredi à un rassemblement de soutien à Serge R., au moment où se réunissait à Paris le conseil de discipline. Les représentants de la direction ont abandonné l’idée de révocation, pour proposer « seulement » deux ans de mise à pied sans salaire. Une sanction que La Poste doit encore confirmer. »

 

 

 

Publié dans Luttes

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